Le chevreuil européen

Description / Caratéristiques

Le chevreuil est le plus petit cervidé d’Europe mais peut bondir jusqu'à 2 m en hauteur et 6 m en longueur.

Nom latin : Capreolus capreolus (Linnaeus 1758)

Nom anglais : Roe Deer

Poids, âge et dénomination

Faon : de la naissance jusqu'à 6 mois (1 à 2 kg)

Chevrillard (mâle/femelle) : de 6 mois à 1 an

Brocard : mâle de 20 à 35 kg

Chevrette : femelle de 17 à 25 kg

Longueur totale :

90 cm à 1,35 m

Hauteur du garrot :

60 à 80 cm

Hauteur des oreilles :

10 à 15 cm

Longueur de queue :

Presque inexistante avec 2 à 3 cm

Vitesse de pointe et performances :

Jusqu'à 100 km/h avec des bonds jusque 2 m de hauteur

Pelage :

Fauve à roux vif en été et gris-brun en automne avec une tâche blanche sur le fessier appelé miroir. Le pelage subit donc 2 mues par an : en avril/mai et en octobre. Certains individus présentent des formes mélaniques, leuciques ou albinos.

Le pelage des faon est brun-roux et tacheté de blanc. Ces taches s'estompent 6 semaines après la naissance.

Dimorphismes sexuels :

La chevrette est toujours plus légère que le brocard de 2 à 3kg.

Les mâles portent des bois ramifiés qui mesurent au maximum 30 centimètres et tombent chaque année en octobre-novembre.

Les mâles disposent d’un pinceau pénien et la femelle d’une touffe de poils à la base de la vulve.

Espérance de vie :

L’espérance de vie à l’état sauvage est de 7 à 8 ans pour le brocard et un peu plus pour la chevrette

Durée de vie maximale : 15 ans.

L'ouïe et l'odorat sont ses sens les plus développés et sa vision est adaptée à la perception des mouvements.

Le chevreuil a une large aire de répartition puisqu’il occupe toute l’Europe dans une bande comprise entre 40° et 60° de latitude Nord.

Il peut être observé du niveau de la mer et jusqu'à 2 400 m d'altitude dans les Alpes mais la sécheresse estivale du climat méditerranéen et la rigueur hivernale des milieux d’altitude ne lui sont pas favorables.

On le trouve, entre autres, dans les bois de feuillus, les forêts mixtes, les garrigues, les prairies et les clairières couvertes de bosquets et de taillis. Il fréquente également les espaces dégagés tels que les champs, les milieux intermédiaires comme le bocage, les agrosystèmes avec des taux de boisement parfois inférieur à 5%. On peut occasionnellement le rencontrer en limite des zones urbaines.

Le chevreuil occupe donc tous types de milieux mais ses exigences sont, avant tout, guidées par un besoin de ressources alimentaires à haute valeur nutritionnelle. Ceci est particulièrement marqué pour les femelles en fin de gestation et pendant la lactation conditionnant la survie des faons.

Répartition / Habitat

En automne et en hiver, son territoire s'étend sur 15 à 30 hectares en milieu forestier et 100 à 150 hectares en milieu agricole (similaire pour les brocards et les chevrettes)

En mai et juin, la chevrette occupe moins de 20 ha au moment de la mise bas puis augmente progressivement son territoire jusqu'en septembre suivant la mobilité du faon. (rappel : 100 ha = 1 km²)

De mars à fin août , le brocard délimite un territoire de 35 ha par des marquages visuels et olfactifs (grattis, frottis).

Régime alimentaire

Le chevreuil est herbivore ruminant qui sélectionne sa nourriture (3kgs par jour).

Il est dit « sélecteurs de concentrats » et « gourmand » car il choisit toujours les pousses les plus nourrissantes et doit se nourrir régulièrement (4 à 6 périodes d’alimentation par jour, entrecoupées de phases de rumination)

Son régime alimentaire varie selon le milieu dans lequel il se situe et selon les saisons.

Au printemps et en été :

Le chevreuil consomme des feuilles de chêne, charme, orme, érable, cornouiller et de résineux tels que sapin et pin maritime. Il peut également se nourrir de colza, luzerne, betteraves, maïs. Au début du printemps, lors du redémarrage des pousses de végétations (présentant une haute digestibilité et une forte valeur nutritionnelle), le chevreuil consomme beaucoup plus d’herbe mais également des plantes arbustives et des fruits (framboisier, myrtille…). La période de reproduction et la pousse des bois augmente leur appétit.

Au printemps, les bourgeons, au goût sucré, contiennent de la sève qui renferme des alcaloïdes, qui fermentent dans l'estomac des animaux et produisent des effets secondaires comparables à ceux de l'alcool. Les animaux sont alors complètement "ivres" et peuvent être amener à faire des choses inhabituelles voire devenir dangereux.

En automne :

Il recherche davantage de fruits et de noix. Ses besoins alimentaires deviennent plus importants entre la fin du rut et le début de l’hiver.

En hiver :

Il consomme des végétaux comme le lierre, le houx, la ronce, la callune, des champignons, des céréales d’hiver et est friands des blocs de sel.

Reproduction

Maturité sexuelle :

Brocard : 12 mois

Chevrette : 14 mois (si la masse d’environs 20 kg est atteinte)

Rut :

La période de rut s'étale de mi-juillet / mi-août

La période d’ovulation (œstrus) de la femelle ne dure que 24 à 48 heures lors desquelles le mâle suit la chevrette en suivant un itinéraire circulaire avant de s’accoupler.

Gestation :

Le processus de gestation de la chevrette comporte un phénomène appelé diapause embryonnaire ou ovo-implantation différée : Après fécondation, l’œuf parvenu au stade blastula cesse tout développement pendant environ 170 jours. La phase réelle de gestation commence alors entre fin décembre et début janvier et dure 130 jours. La durée totale de gravidité ou gestation est de 300 jours soit 9 mois et demi.

Naissance :

La période des mises bas s’étale du 1 mai au 15 juin.

La synchronie des naissances est une caractéristique à retenir : 80% des jeunes naissent entre le 15 mai et le 5 juin (soient en 3 semaines) et pèsent en général entre 1 et 2 kg.

Une chevrette donne naissance à 1 ou 2 faons par an, parfois 3 en fonction de l’abondance de nourriture et du poids de la mère. (20 à 22 kg = 1 faon, 22 à 25 kg = 2 faons).

Les jeunes faons sont laissés seuls pendant la journée durant les 6 premières semaines de leur vie. Leurs manteaux tachetés les aident à se camoufler dans leur environnement, mais la mortalité due à la prédation reste cependant élevée. Ils sont sevrés au bout de 5 ou 6 mois.

Comportement / sociabilité

Le chevreuil est un animal discret mais curieux et essentiellement forestier. C'est une espèce solitaire mais se regroupant en automne et hiver par groupes d'une dizaine d'individus (il est alors dit grégaire). Son territoire fait, en moyenne, une trentaine d’hectares (soit pratiquement l'équivalent d'un cercle de diamètre 600 m).

Le rythme d’activité du chevreuil est dit polyphasique. Le cycle journalier présente 6 à 12 phases d’activité dont 2 particulièrement marquées à l'aube et au crépuscule.

Les adultes communiquent par des postures, des cris ressemblant aux aboiements d’un chien, et le fessier blanc qu’il arbore, lui permet de communiquer au sein du groupe et à donner l’alerte en cas de danger. Il est capable d’atteindre la vitesse de 70 km/h sur quelques centaines de mètres.

Le chevreuil assure un rôle de régulateur de la végétation car il permet la diffusion de graines et propagules qu’il transporte dans son pelage, sous ses sabots ou dans ses intestins.

Organisation sociale de la chevrette :

Elle est basée sur la cellule familiale : chevrette et son ou ses jeune(s) de l’année. Après une phase cryptique de quelques semaines, les jeunes accompagnent progressivement la mère.

La cohésion du groupe tend à diminuer vers mars-avril de l’année suivante à la venue des nouveaux faons jusqu’à l’éclatement en mai.

Lorsque la superficie disponible est encore vaste, la dispersion des jeunes s'effectue suite à la rupture de la liaison mère- jeune. Ils quittent alors le territoire de naissance et à la recherche d'un secteur personnel durant 6 mois à 1 an.
Lorsque la densité de la population atteint la saturation de l’habitat, les jeunes cherchent à s’installer sur le domaine maternel ou à proximité (philopatrie). S'en suit alors une réduction du domaine vital, une diminution de l’agressivité et une augmentation des contacts entre les individus avec le risque accru de consanguinité.

Cette organisation sociale et spatiale dépend donc de la densité et de l'environnement.

Organisation sociale du brocard :

En dehors du rut et de la période hivernale, les brocards sont solitaires.

Au début du printemps, il marque son territoire en lacérant, de ses bois, l'écorce des arbres et en déposant sur les troncs la sécrétion de glandes situées à la base de ses bois (frottis) et en grattant le sol pour l'imprégner de l'odeur de ses glandes pédieuses interdigitales postérieures (grattis). L'ensemble des frottis et grattis porte le nom de régalis.

Comme pour la plupart des cervidés, le chevreuil est une proie de choix pour le loup et le lynx. Le renard roux peut, parfois, s'attaquer à un petit faon lorsqu'il en l'occasion. Lorsqu'il sent un danger, le chevreuil s'enfuit rapidement et émet, généralement, un cri ressemblant à l'aboiement du chien.

Survie :

30-85 % pour les faons, selon l'année (dépend de la météo, des ressources alimentaires...),

70-85 % chez les jeunes de 1 à 2 ans,

90 % à partir de 3 ans.

Prédateurs / Menaces

Dans certains secteurs, il a donc peu de menace (absence de prédateurs) et peut encore se développer mais certains événements pourraient freiner l’expansion de l’espèce dans les années à venir :

Appauvrissement de son milieu (surconsommation de certaines espèces végétales préférées)
Fragmentation des habitats (urbanisation…) qui limite les déplacements et réduit les échanges génétiques
Apparition de maladies (strongle pulmonaire et vers hématophages)
Retours de prédateurs

Cri du chevreuil et ses bois

Le cri du chevreuil adulte ressemble à un aboiement rauque qu’il utilise :

Lorsqu’il est effrayé ou inquiet parce qu’il sent un danger. Il répète alors longuement son cri à intervalles réguliers tant que le danger n’est pas identifié
Pendant la fuite sous forme d’une série d’aboiements
Comme cri de défi lors de la période de rut (juillet-août)

On dit que le chevreuil brame, rait, râle. En allemand, « Reh » est l'onomatopée de son cri.

On parle de piaulements pour le faon.

La formation des bois s'effectue de manière cyclique :

Chez les plus jeunes, des sortes de petits « boutons » se forment à environ un an et tombent vers janvier ou février. Une fois ces boutons perdus, leur véritable ramure commence à pousser.

Quand de nouveaux bois poussent, une peau épaisse semblable à du velours se développe autour de la ramure. Ce velours est un tissu vivant, qui contient des vaisseaux sanguins et des nerfs, protègent les bois et les nourrissent.

Une fois la croissance des bois terminée, le velours commence à démanger, et le chevreuil fraye à partir de la mi-février (perte du velours qui tombe en lambeaux) et commence les frottis entre mars et juin (voir comportement / sociabilité). Les bois nus sont tout d'abord blancs mais prennent une couleur de plus en plus foncée accumulant sèves de plantes, écorces et terre.

Après l'accouplement (entre mi-juillet et mi-août), la quantité de testostérone diminue chez les chevreuils et la matière osseuse située à l'extrémité des bois se dissout. La perte de la ramure ne réclame donc aucun effort ; elle tombe tout simplement de la tête des animaux au début du mois d'octobre. Les jeunes brocards s'en débarrassent un peu plus tard (jusqu’en janvier) car ils sont moins territoriaux.

La forme des bois est en majorité déterminée par la génétique, mais, la nourriture disponible, la quantité de vitamine D, le climat et la santé générale du chevreuil jouent aussi un rôle important à ce niveau.

Le chevreuil est actif principalement au crépuscule et la nuit, où il quitte la forêt pour rejoindre une clairière dans les zones où il n'est pas dérangé. Sa nécessité de nourrissage régulier fait que l’on peut parfois l'apercevoir de jour.

Localisation et technique d'approche

Les indices les plus visibles de sa présence sont :

Les empreintes formées par 2 petits sabots (5 cm de long et 3 cm de large pour un chevreuil).
Les crottes ovoïdes aussi nommées moquettes souvent agglomérées en masse en été et contenant parfois des noyaux de fruits.
Les couches : sol légèrement aplati où l’animal s’est reposé.
Les grattis : surfaces dégagées au sol, grattées par le chevreuil.
Les frottis : traces laissées sur le tronc des arbustes ou sur les branches basses des arbres, marquant le territoire.
L’abroutissement : consommation des brins de végétaux (bourgeons et jeunes pousses).

Beaucoup de personnes me disent que lorsqu’elles vont se promener, ils n’ont pas la chance de les apercevoir.

Voici quelques conseils personnels (vous demandant de respecter, bien entendu, leur intimité) :

Ne pas oublier qu'un animal sauvage reste imprévisible quelque soit la situation
Mieux vaut être seul pour plus de discrétion et surtout avec un camouflage adapté.
S’écarter des chemins les plus fréquentés et trouver une clairière calme dans un secteur à proximité d'un point d’eau (l’eau c’est la vie).
Ne pas s’y rendre en milieux de journée mais plutôt en début ou fin de journée (ce sera plus facile de les rencontrer).
Rechercher des indices de présence tout en restant silencieux.
Attention au sens du vent et limiter les gestes brusques (une approche peut durer plus d’une demi-heure, il faut donc être patient, sinon vous allez les déranger).
Une fois que vous l'avez repéré, prendre son temps pour l'approcher et contourner, si nécessaire, son champ visuel (contournement de bois par exemple).
S'approcher en longeant l'espace naturel (bosquet, forêt... surtout pas en milieux de champ) et marquer des pauses régulières (lui laisser le temps de reprendre. confiance et ne plus prêter attention à vous). En phase d'approche rester baissé, courbé vers l'avant et tête baissée.
Savoir s'arrêter (trop de proximité ne sert à rien, il ne deviendrait jamais votre amis), s'il souhaite s'approcher, c'est à lui de faire les derniers pas.
Ne pas insister en cas de fuite (ce qui peut malheureusement arriver malgré tous vos efforts) et savoir rebrousser chemin.
Ne pas s'approcher des petits.
Repartir tout aussi discrètement une fois vos photos réalisées (même en cas de fuite).